On trouve de temps à autre sur le net —pour qui s’intéresse un peu à la question 😉 — des statistiques sur les évolutions respectives des parts de marché des systèmes Windows, Mac OS X et de quelques distributions Linux, dont Ubuntu bien entendu.
Ces statistiques soulèvent des interrogations parmi les « purs et durs » du logiciel libre, notamment lorsqu’un des concurrents propriétaires fait l’objet d’une progression significative : quel avenir pour Linux ? quel avenir pour le logiciel libre ?
C’est en fait comparer des choses qui ne sont pas tout à fait comparables.
Commençons par le logiciel
En effet, la raison d’être des systèmes et logiciels propriétaires s’inscrit en droite ligne commerciale des entreprises qui les possèdent. Dans la mesure où une concurrence existe, exercée tant par d’autres entreprises également en quête de parts de marché que par des solutions libres et gratuites, ces entreprises déploient des stratégies commerciales et marketing en conséquence. Elles ont des budgets dédiés pour pouvoir atteindre leurs objectifs à court ou moyen termes.
Le logiciel libre existe non pas pour les gains et bénéfices qu’il procure à une société d’édition ou un auteur, mais parce qu’une communauté y investit des compétences et du temps pour qu’il existe et se développe. A ses débuts dans les années 70 il n’était pas rare d’entendre parler d’utopie, voire même encore aujourd’hui…
Le modèle économique est donc différent, et ce seront des services associés, basés sur des expertises, qui assureront des revenus. Par exemple certaines sociétés, comme Canonical qui produit Ubuntu, proposent des services rémunérés aux entreprises et institutions qui choisissent leurs solutions. D’autres proposeront une version gratuite intégrant un certain nombre de fonctionnalités, et une version payante avec un lot de fonctionnalités étendues…
Ainsi Microsoft ou Apple existent grâce aux licences logicielles vendues avec chaque PC ou Mac ou directement pour les éditeurs de logiciels propriétaires.
Au vu des milliers de logiciels libres qui existent aujourd’hui (plus de 1500 sur le seul site de Framasoft), dont la grande majorité est gratuite, on se doute que la « rentabilité » n’est pas la question centrale !
En revanche, la réponse à un besoin (parfois très pointu et « confidentiel ») , la volonté de sortir de modèles de pensée unique en termes de logiciel, la volonté d’indépendance sont parmi les arguments qui font que le logiciel libre existe et continuera probablement d’exister longtemps.
C’est d’ailleurs souvent un point difficile à intégrer, de par l’empreinte de « relation commerciale » qui nous marque depuis quelques décennies, souvent malgré nous…
Il est pourtant tout à fait possible de prendre quelques distances par rapport aux circuits commerciaux des éditeurs logiciels !
Parlons aussi du matériel…
Par ailleurs, nous réagissons de même avec nos équipements électroniques, à ceci près que chaque ordinateur, télé, téléphone, etc… aura nécessité des heures de travail difficiles, des matières premières, des énergies fossiles, etc. pour sa production. Le logiciel, lui, est produit une fois, il est ensuite dupliqué à des millions d’exemplaires, opération très peu coûteuse…
Nous sommes également formatés, conditionnés diront certains, et sans aucun doute influencés pour les renouveler le plus rapidement possible. Il y a une industrie énorme derrière qui ne peut se comporter autrement sous peine de perdre des parts de marché et, dans un contexte de concurrence saignante, finir par mordre la poussière.
Ceci n’est pourtant pas sans conséquences pour nos porte-monnaies, pour notre environnement, pour la santé et la dignité des hommes et des femmes qui extraient, transportent, produisent, recyclent ces équipements, dont certains sont de purs gadgets.
Recourir à des matériels reconditionnés, c’est aussi bien entendu prendre quelques distances par rapport à ces circuits commerciaux forcenés. Prolonger la durée de vie d’un PC de 3 ans, c’est économiser la quantité d’énergie nécessaire à la fabrication d’un nouveau PC. Il y a en a aujourd’hui environ 1,3 milliards dans le monde…
Et c’est encore alléger substantiellement sa facture informatique !
On le voit, logiciels libres et matériels reconditionnés s’accordent sur de nombreux points (*), dont celui, sans doute plus « partisan », de prendre certaines distances par rapport aux lobbying commerciaux et aux grosses machines financières qui tirent les ficelles.
(*) les 1ers permettant d’ailleurs aux 2nds de durer plus longtemps avec des performances très correctes !